Concrètement, j’aimerais vous soumettre les phrases suivantes afin de pouvoir m’assurer que les deux possibilités peuvent toutes deux être considérées comme correctes.
1. Quelques simples gestes, quelques regards même(s) suffisent parfois pour exprimer notre volonté.
2. Les nuages les plus noirs même(s) ont comme une bordure d’argent.
3. Le village avait ses devins, ses rebouteux, ses saints même(s).
4. Tous les emplois, les plus humbles même(s), ont, dans la société, leur utilité.
5. De simples commis, des concierges même(s) peuvent, en s’acquittant de leur tâche, être très estimables.
6. Il est affligeant de voir des enfants manquer de respect à leurs supérieurs et à leurs parents même(s).
7. Si vous avez le goût du travail, les tâches quotidiennes, les besognes difficiles même(s) auront pour vous des attraits.
8. Des renards, des loups même(s) ne lui soufflent-ils pas dans ses doigts, sur sa joue ? (J. Renard.)
En ce qui me concerne, je les mettrais tous au singulier…
Sans regarder votre commentaire, j'ai spontanément pensé qu'il fallait le singulier partout, c'est-à-dire que même est adverbe. Je crois que le petit « truc » est de se demander si on peut écrire eux-mêmes, et dans aucun de ces cas ce n'est possible. C'est comme si même était placé devant.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Puisque l’on me cite, je dois dire que j’ai opté en connaissance de cause pour le s final, afin que la pureté de la rime soit préservée. Mais au cas où j’aurais fait une faute de grammaire, j’aurais très volontiers accepté que l’on me reprenne, sachant que cela ne peut que m’être profitable. :D
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
Mon oeil a été attiré comme il ne peut s'empêcher de l'être lorsqu'après une liste de substantifs dont le dernier est féminin, l'adjectif qui les qualifie tous est masculin.
Ex. : le drap, le pyjama et la couverture bleus.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
C'est la règle, mais il est recommandé, pour éviter de choquer, que le nom masculin ou un des noms masculins qui commande(nt) l'accord soit placé le plus proche de l'adjectif. Il vaut donc mieux écrire la couverture, le drap et le pyjama bleus, ou une serviette et un torchon secs.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
La Grammaire du français contemporain (Larousse, 1989) dit quelque chose d’intéressant :
REMARQUE. – Dans ce dernier cas, il est souvent très difficile, voire impossible, de distinguer même adverbe de même adjectif. On recommande parfois d’examiner si même peut se placer devant le substantif : si ce changement est possible, même est adverbe, et par conséquent invariable. Mais l’expérience prouve que l’accord se fait fréquemment même dans ce cas : Il y avait des colonels, des généraux mêmes qui dans la maison du roi n’avaient qu’un ou deux galons (Aragon).
HISTORIQUE – Dans les textes antérieurs au milieu du XVIIe siècle, l’adverbe même se terminait fréquemment par l’s adverbial que l’on trouve encore aujourd’hui dans certes, jadis, volontiers, etc. Pour le distinguer clairement de l’adjectif postposé, Vaugelas proposa d’adopter l’orthographe mêmes (à l’époque mesmes) avec un substantif au singulier et l’orthographe mesme avec un substantif au pluriel. L’usage n’a pas conservé cette ingénieuse, mais trop paradoxale nouveauté.
Bon, je crois que dans le test, je vais m’abstenir de mettre ces cas-là…
Force nous est, une fois de plus, de constater que la langue française est faite pour tout compliquer, et qu'il se dresse des chausse-trapes à tous les coins de phrase (voyez, je ne sais même pas s'il faut un S à phrase).
Le seul moyen de sortir de ces casse-tête est de recourir au procédé de la chacalerie cher à Claude.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).