Revoir encore
- Perkele
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Belle philosophie ! J'admire ! :Dvaliente a écrit :Mieux vaut digresser que régresser.Claude a écrit :On digresse et c'est de ma faute avec le geste auguste du semeur Valiente.
Surtout que les digressions, sur ce forum, sont très enrichissantes pour l'esprit. Je suis sûre que les plus jeunes de nos membres n'ont pas connu les blouses de lustrine noire et les encriers (et encore moins les bérets vissés sur la tête).
Et les capes de toile cirée gris-bleu en guise d'imperméables !
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
En lisant un poème de Lamartine, je rencontre encore ce pléonasme, apparemment cher à l’auteur :
Que tardez-vous? Partons! Je veux revoir encore
Le Vésuve enflammé sortant du sein des eaux; […]
Je rappelle celui cité par Jacques :
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, […]
Comment expliquer une telle faute chez ce poète ? Je ne crois pas que cela soit volontaire, alors je m’interroge.
Qu'en pensez-vous ?
Que tardez-vous? Partons! Je veux revoir encore
Le Vésuve enflammé sortant du sein des eaux; […]
Je rappelle celui cité par Jacques :
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, […]
Comment expliquer une telle faute chez ce poète ? Je ne crois pas que cela soit volontaire, alors je m’interroge.
Qu'en pensez-vous ?
- Jacques
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Justement, c'est ce qui me choque. Nous devons admettre que même les grands poètes et les grands écrivains ont des faiblesses. Ils ont été portés au pinacle pour leurs prouesses littéraires, mais cela ne signifie pas qu'ils soient sans taches. On dit bien que la perfection n'est pas de ce monde.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Peut-être un tic d'écriture comme d'autres ont des tics de langage.valiente a écrit :Je conçois que les grands écrivains aient pu laisser passer quelques fautes au regard de la quantité d’œuvres qu’ils ont créées.
Ce qui est surprenant, c’est de relever, à plusieurs reprises, une faute si évidente chez un écrivain de cette envergure.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne veux pas ouvrir un nouveau sujet, mais puisque nous sommes dans le pléonasme, rappelez-vous que, quand nous avons abordé le pastel, j'ai cité la définition de l'Académie française :
Poudre obtenue par le mélange, en proportions variables, de pigments pulvérisés avec de l’eau additionnée de savon, du talc, du kaolin, et agglutinée en petits bâtonnets.
Et ladite Académie définit ainsi le bâtonnet :
BÂTONNET n. m. XIIIe siècle, basto(u)net. Dérivé de bâton.
Petit bâton.
CQFD
Poudre obtenue par le mélange, en proportions variables, de pigments pulvérisés avec de l’eau additionnée de savon, du talc, du kaolin, et agglutinée en petits bâtonnets.
Et ladite Académie définit ainsi le bâtonnet :
BÂTONNET n. m. XIIIe siècle, basto(u)net. Dérivé de bâton.
Petit bâton.
CQFD
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- JR
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Franchement, sur ce sujet, je vous trouve tous éxagérément sévères.
Revoir encore, c'est voir une fois de plus quelque chose qu'on a déjà vu et revu, voire re-revu
; pour moi, c'est une figure de style soulignant la récurrence, pas un pléonasme.
Un bâtonnet, c'est un petit bâton, soit.
Mais à partir du moment où la catégorie "bâtonnet" a été définie, on est libre de la subdiviser suivant la taille, la couleur, ou toute autre caractéristique : ainsi, un petit bâtonnet est un très petit bâton, pas un pléonasme![[exclamation] :!:](./images/smilies/icon_exclaim.gif)
Revoir encore, c'est voir une fois de plus quelque chose qu'on a déjà vu et revu, voire re-revu
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Un bâtonnet, c'est un petit bâton, soit.
Mais à partir du moment où la catégorie "bâtonnet" a été définie, on est libre de la subdiviser suivant la taille, la couleur, ou toute autre caractéristique : ainsi, un petit bâtonnet est un très petit bâton, pas un pléonasme
![[exclamation] :!:](./images/smilies/icon_exclaim.gif)
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
François Rabelais
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est vrai en un sens, parce qu'on n'a jamais pu dessiner avec un pléonasme. Mais on doit pouvoir avec un minuscule petit bâtonnet de taille réduite. :DJR a écrit :Un petit bâtonnet est un très petit bâton, pas un pléonasme
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je suis du même avis que JR, je ne peux pas considérer que revoir encore soit une faute. D’ailleurs, cette locution est sous toutes les grandes plumes :
Après être allé revoir encore une fois Lambert… (Balzac)
…je revins dans la galerie pour revoir encore le tableau de Marcus Sextus. (Mme de Staël)
Enfin, il m’est donc permis de vous revoir encore. (Dumas)
Quand je ne pense plus à votre lettre et seulement à votre amabilité, savez-vous ce que je voudrais ? c’est nous revoir encore une fois. (Mérimée)
Vous sentez qu’il est nécessaire à mon être de vous revoir encore. (Voltaire)
Hélas, puis-je espérer de vous revoir encore ? (Racine)
Maintenant vous me faites désirer de revoir encore un printemps, pour faire avec vos charmants pasteurs de nouvelles promenades… (Rousseau)
Elle ajoutait, que, si avant son départ, il éprouvait un désir trop vif de la revoir encore une fois, elle y consentirait. (Musset)
Eh ! qu'a-t-il besoin de me revoir encore ? (Laclos)
Et il y en a des milliers d’autres, tout aussi illustres…
Après être allé revoir encore une fois Lambert… (Balzac)
…je revins dans la galerie pour revoir encore le tableau de Marcus Sextus. (Mme de Staël)
Enfin, il m’est donc permis de vous revoir encore. (Dumas)
Quand je ne pense plus à votre lettre et seulement à votre amabilité, savez-vous ce que je voudrais ? c’est nous revoir encore une fois. (Mérimée)
Vous sentez qu’il est nécessaire à mon être de vous revoir encore. (Voltaire)
Hélas, puis-je espérer de vous revoir encore ? (Racine)
Maintenant vous me faites désirer de revoir encore un printemps, pour faire avec vos charmants pasteurs de nouvelles promenades… (Rousseau)
Elle ajoutait, que, si avant son départ, il éprouvait un désir trop vif de la revoir encore une fois, elle y consentirait. (Musset)
Eh ! qu'a-t-il besoin de me revoir encore ? (Laclos)
Et il y en a des milliers d’autres, tout aussi illustres…
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'ai eu l'impression que JR plaisantait.
Revoir, c'est pourtant bien voir une nouvelle fois. Et, selon Robert, encore marque une idée de répétition, ce qui est le cas pour le préfixe -re.
Car on pourrait tout aussi bien accepter la même chose avec tous les mots qui commencent par -re : répéter encore, redire encore, redescendre encore, refaire encore, redemander encore...
Dans son Dictionnairedes difficultés, Larousse donne une liste de pléonasmes, parmi lesquels il cite : « ...refaire encore et tous les verbes à particule itérative suivis de encore ».
Revoir, c'est pourtant bien voir une nouvelle fois. Et, selon Robert, encore marque une idée de répétition, ce qui est le cas pour le préfixe -re.
Car on pourrait tout aussi bien accepter la même chose avec tous les mots qui commencent par -re : répéter encore, redire encore, redescendre encore, refaire encore, redemander encore...
Dans son Dictionnairedes difficultés, Larousse donne une liste de pléonasmes, parmi lesquels il cite : « ...refaire encore et tous les verbes à particule itérative suivis de encore ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je crois, Jacques, que certains ouvrages sur la langue française sont extrémistes et qu’ils veulent réduire la langue à une suite de règles. Nous savons bien que les langues ne sont pas des sciences exactes, ce sont des organismes vivants. Même en considérant « revoir encore » comme une faute, du moment que cette « faute » se répand dans l’usage le plus cultivé qui soit et que tous les écrivains l’emploient, il n’y a plus lieu de la considérer comme telle, mais comme une marque d’expressivité.
Enfin, encore un exemple d’un français châtié du XVIIe siècle, « mes » fameuses Lettres portugaises de Guilleragues :
Après mille mouvements et mille incertitudes que vous ne connaissez pas, et dont je ne vous rendrai pas compte assurément, je l’ai conjurée de ne m’en parler jamais, de ne me les rendre jamais, quand même je les demanderais pour les revoir encore une fois, et de vous les renvoyer, enfin, sans m’en avertir.
C’est tout de même l’usage – si possible le bon – qui « fait » la langue, non ? Et là, on ne peut pas parler de tic récent, puisque nous avons des attestations littéraires au moins sur une durée de quatre siècles.![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Enfin, encore un exemple d’un français châtié du XVIIe siècle, « mes » fameuses Lettres portugaises de Guilleragues :
Après mille mouvements et mille incertitudes que vous ne connaissez pas, et dont je ne vous rendrai pas compte assurément, je l’ai conjurée de ne m’en parler jamais, de ne me les rendre jamais, quand même je les demanderais pour les revoir encore une fois, et de vous les renvoyer, enfin, sans m’en avertir.
C’est tout de même l’usage – si possible le bon – qui « fait » la langue, non ? Et là, on ne peut pas parler de tic récent, puisque nous avons des attestations littéraires au moins sur une durée de quatre siècles.
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)