Les pléonasmes
- Jacques-André-Albert
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- Klausinski
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Je ne distingue pas le pléonasme de la redondance sur les mêmes critères que vous. On m’a toujours dit que le pléonasme était un type de redondance concentré dans une locution.
Cela dit, je vous suis dans votre analyse. « Voter pour » me paraît suffire amplement. On trouve malgré tout un grand nombre de « voter pour le choix de », « voter pour choisir »…
Cela dit, je vous suis dans votre analyse. « Voter pour » me paraît suffire amplement. On trouve malgré tout un grand nombre de « voter pour le choix de », « voter pour choisir »…
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Klausinski
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- Jacques
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Ce que j'ai appris est que le pléonasme répète un mot déjà contenu dans un autre qui le précède. La redondance est définie comme une superfluité de langage, une précision inutile. J'ai cité récemment l'expression bébés en bas âge. C'est une redondance, parce qu'on ajoute une précision inutile. Monter en haut est un pléonasme parce que monter c'est aller vers le haut.
Mais il y a beaucoup de flou dans la manière dont les spécialistes conçoivent la chose. Littré appelle pléonasme la tautologie.
PLÉONASME Figure par laquelle on renforce volontairement le discours par l'addition de mots de même sens. « Je l'ai vu de mes yeux » et « je l'ai entendu de mes propres oreilles » sont des pléonasmes admis et fort usités.
(Académie française). Les exemples qu'elle donne sont en fait des tautologies. En cela elle rejoint Littré. Grevisse assimile sous le nom de pléonasme, je l'ai dit plus haut, tout ce qui renforce une idée émise : pléonasme, tautologie et redondance. D'autres donnent tous des versions différentes de ces deux-là.
Chacun y va de sa définition, qui n'est pas la même que celle des collègues. Comment nous y retrouver ? Littré, l'Académie, Grevisse, Robert et consorts, c'est comme les médecins ; ils n'ont pas tous le même diagnostic, pas tous la même opinion, pas tous la même explication. Il n'est pas étonnant que vous ayez entendu un autre son de cloche que moi.
Mais il y a beaucoup de flou dans la manière dont les spécialistes conçoivent la chose. Littré appelle pléonasme la tautologie.
PLÉONASME Figure par laquelle on renforce volontairement le discours par l'addition de mots de même sens. « Je l'ai vu de mes yeux » et « je l'ai entendu de mes propres oreilles » sont des pléonasmes admis et fort usités.
(Académie française). Les exemples qu'elle donne sont en fait des tautologies. En cela elle rejoint Littré. Grevisse assimile sous le nom de pléonasme, je l'ai dit plus haut, tout ce qui renforce une idée émise : pléonasme, tautologie et redondance. D'autres donnent tous des versions différentes de ces deux-là.
Chacun y va de sa définition, qui n'est pas la même que celle des collègues. Comment nous y retrouver ? Littré, l'Académie, Grevisse, Robert et consorts, c'est comme les médecins ; ils n'ont pas tous le même diagnostic, pas tous la même opinion, pas tous la même explication. Il n'est pas étonnant que vous ayez entendu un autre son de cloche que moi.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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Voici ce qui est noté dans le Gradus des procédés littéraires (Bernard Dupriez) :
Une certaine confusion règne quant aux termes pléonasme, périssologie, redondance et battologie.
Distinguons :
1. Pléonasme : redoublement de l’idée dans deux mots du même membre de phrase ;
2. Périssologie : pléonasme vicieux ;
3. Redondance : redoublement de l’idée dans deux phrases ou deux membres de phrase ;
4. Battologie : redondance excessive, injustifiée.
Je dois avouer, même si ces définitions semblent aller dans mon sens, que je suis plutôt méfiant à l’égard du Gradus qui, entre autres griefs, ne donne pas le genre — masculin ou féminin — des procédés qu’il définit. Mais vous avez raison : il est déjà difficile de voir les linguistes s’accorder sur certains mots simples, alors, en ce qui concerne les figures de style, qui ont été définies de bien des manières par des multitudes de théoriciens à travers les époques, il serait miraculeux qu’un accord se fasse.
Une certaine confusion règne quant aux termes pléonasme, périssologie, redondance et battologie.
Distinguons :
1. Pléonasme : redoublement de l’idée dans deux mots du même membre de phrase ;
2. Périssologie : pléonasme vicieux ;
3. Redondance : redoublement de l’idée dans deux phrases ou deux membres de phrase ;
4. Battologie : redondance excessive, injustifiée.
Je dois avouer, même si ces définitions semblent aller dans mon sens, que je suis plutôt méfiant à l’égard du Gradus qui, entre autres griefs, ne donne pas le genre — masculin ou féminin — des procédés qu’il définit. Mais vous avez raison : il est déjà difficile de voir les linguistes s’accorder sur certains mots simples, alors, en ce qui concerne les figures de style, qui ont été définies de bien des manières par des multitudes de théoriciens à travers les époques, il serait miraculeux qu’un accord se fasse.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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C'est normal, parce que Perkele c'est le chef, et un chef a toujours raison même quand il a tort.Perkele a écrit :Règle n° 1 : Perkele a toujours raison.Klausinski a écrit :Mais oui ! Perkele a raison !
Règle n° 2 : Même quand elle a tort, Perkele a toujours raison (d'avoir tort).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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Klausinski : il est étrange que la battologie ait été classée dans cette liste, et que la tautologie en ait été exclue. Les trois : pléonasme, redondance et tautologie sont des procédés d'insistance. La battologie est la répétition d'un mot ou d'une formule : Voilà, voilà, voilà ; j'arrive, j'arrive ! C'est très très très très intéressant (tic de langage fréquent de nos jours, j'ai entendu répéter ce très jusqu'à six fois, peut-être sept dans une même phrase). Quant à la périssologie, selon un de mes livres, elle englobe les trois procédés d'insistance : pléonasme, redondance et tautologie, mais ne s'ajouterait pas à eux. Pour certains, la tautologie ne serait rien d'autre qu'un pléonasme non vicieux ; donc pas une périssologie.
Merci messieurs les spécialistes du langage pour cette confusion, ce chaos, ce capharnaüm, cet imbroglio ! (libre à vous de choisir un vocabulaire moins académique mais plus parlant).
Merci messieurs les spécialistes du langage pour cette confusion, ce chaos, ce capharnaüm, cet imbroglio ! (libre à vous de choisir un vocabulaire moins académique mais plus parlant).
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- Klausinski
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Ni le Littré ni le TLFi ni l’Académie ni le Robert ne donnent de battologie la même définition que vous. Quels sont les livres où vous trouvez ces définitions ? Grevisse classe le phénomène que vous constatez parmi les « redondances expressives »
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Klausinski
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Voudrez-vous bien excuser ce truisme ?Perkele a écrit :Règle n° 1 : Perkele a toujours raison.Klausinski a écrit :Mais oui ! Perkele a raison !
Règle n° 2 : Même quand elle a tort, Perkele a toujours raison (d'avoir tort).
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(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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Littré dit :
BATTOLOGIE (ba-tto-le-jie), s. f. Répétition oiseuse, fastidieuse des mêmes pensées sous les mêmes termes.
ÉTYMOLOGIE : Terme dérivé du nom grec d'un roi de Cyrène qui était bègue et à qui son bégaiement faisait répéter la même chose, et verbe grec signifiant discours.
Ce n'est pas lumineux, mais cela correspond à ce que j'ai expliqué.
L'Académie ne dit rien de plus : Répétition inutile dans un discours ou dans un écrit.
Nous avons l'impression que le laconisme vague est une façon, pour des spécialistes, de « ne pas se mouiller » en restant dans des généralités peu compromettantes.
Les deux livres que j'ai consultés, plus bavards sur la question, donnent un sens plus moderne. Ils sont enfouis dans des cartons, prêts à nous accompagner sous d'autres cieux. Les mots du français (j'ai déjà cité l'auteur mais ne me rappelle plus), et le dictionnaire de rhétorique. Ils donnent des exemples que j'aurais aimé reproduire. Le procédé est parfois utilisé en littérature. Voici un cas de battologie à effet : Des mots, des mots, toujours des mots, rien que des mots !
Les imprécations de Camille, dans Horace, ne seraient-elles pas à classer dans ce style ?
Rome, l'unique objet de mon ressentiment !
Rome à qui vient ton bras d'immoler mon amant.
Rome qui t'a vu naître et que ton cœur adore,
Rome enfin, que je hais parce qu'elle t'honore.
À moins qu'il ne s'agisse d'une autre figure ? Je ne sais plus bien.
Ne pourrait-on invoquer la battologie de style avec le dialogue de la Partie de cartes dans Marius ? :
Tiens, tu me fends le cœur. Tu-me-fends-le-cœur. J'ai le cœur fendu par toi. À moi y me fend le cœur, à toi y te fait rien ?
Qu'en pensez-vous ?
BATTOLOGIE (ba-tto-le-jie), s. f. Répétition oiseuse, fastidieuse des mêmes pensées sous les mêmes termes.
ÉTYMOLOGIE : Terme dérivé du nom grec d'un roi de Cyrène qui était bègue et à qui son bégaiement faisait répéter la même chose, et verbe grec signifiant discours.
Ce n'est pas lumineux, mais cela correspond à ce que j'ai expliqué.
L'Académie ne dit rien de plus : Répétition inutile dans un discours ou dans un écrit.
Nous avons l'impression que le laconisme vague est une façon, pour des spécialistes, de « ne pas se mouiller » en restant dans des généralités peu compromettantes.
Les deux livres que j'ai consultés, plus bavards sur la question, donnent un sens plus moderne. Ils sont enfouis dans des cartons, prêts à nous accompagner sous d'autres cieux. Les mots du français (j'ai déjà cité l'auteur mais ne me rappelle plus), et le dictionnaire de rhétorique. Ils donnent des exemples que j'aurais aimé reproduire. Le procédé est parfois utilisé en littérature. Voici un cas de battologie à effet : Des mots, des mots, toujours des mots, rien que des mots !
Les imprécations de Camille, dans Horace, ne seraient-elles pas à classer dans ce style ?
Rome, l'unique objet de mon ressentiment !
Rome à qui vient ton bras d'immoler mon amant.
Rome qui t'a vu naître et que ton cœur adore,
Rome enfin, que je hais parce qu'elle t'honore.
À moins qu'il ne s'agisse d'une autre figure ? Je ne sais plus bien.
Ne pourrait-on invoquer la battologie de style avec le dialogue de la Partie de cartes dans Marius ? :
Tiens, tu me fends le cœur. Tu-me-fends-le-cœur. J'ai le cœur fendu par toi. À moi y me fend le cœur, à toi y te fait rien ?
Qu'en pensez-vous ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).