Perles de la syntaxe

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Claude
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Message par Claude »

Yeva Agetuya a écrit :Je ne sais pas où il y a un sujet sur le "on pour nous" [...]
En 2007, Jacques répondant à un membre a écrit :J'ai déjà répondu à cette question il y a assez longtemps, mais je reprends : comme dit Klausinski, l'emploi de ON à la place de NOUS est un usage déconseillé dans la langue écrite, et appartient à un registre oral familier. On ne devrait le trouver en littérature que dans des citations de dialogues mais pas dans le style rédactionnel.
Quoi qu'il en soit, les linguistes ont estimé que ON doit s'accorder comme le pronom qu'il remplace :
– Ma sœur et moi on est arrivées ce matin, et on était bien contentes ;
– Eh bien ma petite Sylvie, on est heureuse ? (tu es) ;
– Alors mesdames, on est prêtes ? (vous êtes).
Bien entendu, quand il a sa valeur réelle de pronom indéfini, mis pour quelqu'un, il est masculin singulier.
Cette position des spécialistes se justifie par un souci de précision :
– On est entré dans ma chambre = quelqu'un est entré ;
– On est entrés dans ma chambre = moi et la personne qui m'accompagnait, nous sommes entrés.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merci, Claude. Je suis d'ailleurs à peu près certain que le sujet a été traité à plusieurs autres endroits.
André (G., R.) a écrit :Je ne suis pas certain que « se » et « soi » soient les formes que prend « on » quand il est complément. J'observe que ces pronoms sont présents dans la phrase en l'absence de l'indéfini :
Une personne vieille et malade doit aussi se lever le matin et prendre sur soi pour ne pas devenir grabataire.
La maladie et la vieillesse non plus ne doivent empêcher personne de se lever le matin et de prendre sur soi...
En écrivant « Je ne suis pas certain », j'ai sans doute eu raison d'être prudent !
Il s'agit là peut-être d'un cas particulier et d'une nuance assez fine, le pronom « on » étant sujet d'un verbe conjugué suivi d'infinitifs compléments. Ces infinitifs apparaissent dans la phrase sous leur forme normale (se lever, prendre sur soi), qui comporterait aussi « se » et « soi » si le sujet était un nom ou n'importe quel pronom de la troisième personne (Le malade doit se lever le matin et prendre sur soi pour ne pas devenir grabataire). Toutefois la présence de « se » et « soi », dans la phrase avec « on », dépend de cet indéfini, puisque les pronoms réfléchis deviendraient par exemple « me » et « moi » avec le sujet « je » : Même vieux et malade, je dois me lever le matin et prendre sur moi pour ne pas devenir grabataire.
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Claude
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Message par Claude »

André (G., R.) a écrit :Merci, Claude. Je suis d'ailleurs à peu près certain que le sujet a été traité à plusieurs autres endroits. [...]
Vous avez raison ; j'ai pris le premier qui se présentait au cours de mes recherches.
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :Je ne suis pas certain que « se » et « soi » soient les formes que prend « on » quand il est complément.
C'est une question qui partage les grammairiens et dont la réponse dépend probablement des définitions qu'on se donne.
J'ai donné ma vision personnelle de la chose, mais je vois que c'est aussi celle de la Grammaire du français contemporain, chez Larousse.
http://hpics.li/aecb373
En revanche, dans la Grammaire du français, de Denis et Sancier-Chateau, on n'indique pas d'autre forme que la forme sujet "on".
http://hpics.li/030a1fb
Enfin, dans la Grammaire Le Robert & Nathan, on adopte une position encore différente en donnant comme forme COD et COI de "on", respectivement "en" et "lui, en, y".
http://hpics.li/11471cf
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merci de vos recherches. Le tableau sous le troisième lien me paraît peu sérieux.
J'essaie de faire le bilan des emplois du pronom on et des formes qu'il prend lorsqu'il n'est pas sujet. « Se » et « soi » ne lui sont pas spécifiques, mais après tout « vous » non plus ! Et la règle me paraît simple : le pronom réfléchi de troisième personne est utilisé, comme d'habitude, pour montrer que l'« action » décrite par le verbe est causée et subie par la même « personne » ; à l'inverse, si le COD, le COS ou le COI se réfèrent à d'autres « personnes », on utilise « vous » (« personnes » est entre guillemets parce que, précisément, « on » n'est alors pas un pronom personnel, mais indéfini).

1 - On ne doit pas penser qu'à soi (COI).
2 - On se (COD) croit souvent plus malin qu'on est.
3 - On aime se (COS) donner le beau rôle.

4 - On doit faire attention aux conseils qu'on vous (COS) donne.
5 - Ce qu'on voit en pareil cas ne peut que vous (COD) tourmenter longtemps.

Dans les trois premières phrases des cinq ci-dessus, les pronoms qui remplacent « on » sont compléments de l'infinitif complément (penser, donner) ou du verbe (croire) dont « on » est sujet. Dans les deux autres, « vous » est complément d'un autre verbe conjugué (donner, tourmenter) que celui dont le pronom indéfini est sujet (devoir, voir). Il est bon de noter que dans la quatrième phrase le deuxième « on » représente un autre groupe ou individu indéfini que le premier, qui est repris par « vous ».
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Dans un quotidien gratuit ce matin, cette phrase tirée d'un article sur les sapins de Noël :
« L'écrasante majorité (90%) des Français a déjà -- ou compte installer -- un sapin à son domicile. »
http://www.directmatin.fr/
Cela pourrait passer inaperçu à l'oral, mais c'est bien choquant à l'écrit. Je ne vois pas d'autre possibilité que d'être moins elliptique :
« L'écrasante majorité (90%) des Français a déjà installé -- ou compte installer -- un sapin à son domicile. »
« L'écrasante majorité (90%) des Français a déjà installé un sapin à son domicile ou compte le faire. »
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

On ne peut que souscrire à vos remarques ! Et je crois constater un accroissement du phénomène que vous dénoncez... et que je remarque aussi en langage parlé !
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Islwyn
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Message par Islwyn »

« Condamné à deux ans de prison avec sursis pour assassinat lors de son procès en appel… » (FranceTV Info).
Il est certes vrai que la première impression donnée par ce titre est vite corrigée par le corps de l'article, mais « lors… appel » serait mieux placé après « condamné ».
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Perkele
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Message par Perkele »

Islwyn a écrit :« Condamné à deux ans de prison avec sursis pour assassinat lors de son procès en appel… » (FranceTV Info).
Il est certes vrai que la première impression donnée par ce titre est vite corrigée par le corps de l'article, mais « lors… appel » serait mieux placé après « condamné ».
Certes...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Lu sur une page de la Toile :
« Des études récentes ont montré que consommer des agrumes, en particulier des citrons, ont pu empêcher et dans certains cas, guérir le cancer. »
Deux grosses fautes de syntaxe : d'une part un lamartinisme pour "ont pu", d'autre part une construction bancale à la fin.
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Message par André (G., R.) »

Est-ce moi qui suis trop indulgent ? La faute d'accord me paraît claire (ont au lieu de a), mais je ne vois rien de bancal dans la fin de la phrase, que j'accepterais sous la forme « Des études récentes ont montré que consommer des agrumes, en particulier des citrons, a pu empêcher et, dans certains cas, guérir le cancer ». Il me semble que le verbe pouvoir conjugué peut amener les deux infinitifs empêcher et guérir.
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Message par André (G., R.) »

Toutefois je préférerais cette formulation : Des études récentes ont montré que la consommation d'agrumes, en particulier de citrons, peut prévenir, voire, pour certaines formes de la maladie, guérir le cancer.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Une meilleure ponctuation ferait l'affaire :
« a pu empêcher et, dans certains cas, guérir le cancer »
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Il serait préférable d'avoir un "ou" plutôt qu'un "et", car si l'on empêche le cancer, on n'a plus à le guérir. "Empêcher et guérir" me semble contradictoire.
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Perkele
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Message par Perkele »

Je dirais :
« Des études récentes ont montré que la consommation d'agrumes, en particulier les citrons, a pu prévenir et dans certains cas, guérir le cancer. »

Cela dit, je me demande comment on a pu faire la preuve de la prévention (l'absence de preuve n'étant pas la preuve de l'absence).
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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